Les fauves sont toujours féroces et les éléphants impressionnants, mais pour ses 20 ans, le Festival international du cirque de Massy (Essonne) s’offre un lifting avec des numéros moins traditionnels et un son rock qui dynamite le genre.
Sous le chapiteau, au centre de la piste rouge, quatre acrobates chaussés de patins à roulettes se succèdent pour une danse échevelée. Reliée à son partenaire par une corde attachée autour du cou, une jeune femme voltige tout autour de lui à une vitesse folle.
Leurs nuques rougissent sous l’effort, mais le spectateur ne voit que le côté aérien du numéro.
Cette année, pas de fanfare mais une ambiance rock. Normal : le chef d’orchestre, Eric Mula, a longtemps joué les trompettistes pour l’émission « Nulle Part Ailleurs », sur Canal+, et les cuivres sont ceux d’Eddy Mitchell , accompagnés par un batteur et une guitare électrique.
« J’ai fait pas mal de modifications depuis 3 ans, reconnaît Francesco Bouglione, 41 ans, directeur général du festival, appelé aux commandes par son fondateur, Michel Bruneau. Nouveau chapiteau, nouvel orchestre, nouveau directeur artistique… j’ai apporté un côté un peu plus pro », analyse ce descendant de la célèbre dynastie Bouglione.
Pour autant, le petit-fils Bouglione reste fidèle au cirque traditionnel, peu convaincu par le « nouveau cirque » qu’il résume en une formule lapidaire: « De mauvais acrobates qui s’unissent à de mauvais comédiens pour faire un spectacle médiocre ».
A Massy, on s’enorgueillit au contraire de promouvoir des artistes polyvalents, comme Francesco. « Quand je l’ai connu il y a 20 ans, il était garçon de piste. Il a été jongleur, acrobate équestre, dompteur de fauves, il sait tout faire… même réparer le chauffage! », plaisante Michel Bruneau.
700.000 euros
Soudain, une forte odeur de ménagerie monte de la piste. « C’est ça le cirque, c’est l’odeur ! », s’enthousiasme M. Bruneau, cheveux blancs et yeux brillants, qui confie avoir fait enfant l’école buissonnière pour aller au cirque.
Lions et tigres font leur entrée : énormes, gueule ouverte, ils montrent les dents, et grognent… avant de se transformer en peluches qui se roulent par terre et montrent leur ventre, comme de gros chats.
Puis les tigres se mettent à sauter comme des kangourous, debout sur leurs pattes arrière, vaguement ridicules. Les lions, lents et majestueux, font un dernier tour de piste, leurs yeux dorés comme cernés de khôl.
Au tour des éléphants, parés de masques rouges à paillettes, d’effectuer leur numéro de « danse ». Surprenante légèreté des mastodontes lorsqu’il s’agit de monter sur un tabouret… Et vision incongrue, quelques heures plus tôt, des trois éléphants broutant paisiblement dans le parc Georges Brassens .
Dimanche, après quatre jours de festival, les meilleurs numéros seront récompensés par les Pistes d’or, d’argent et de bronze. Quatre jours qui coûtent cher: pas moins de 700.000 euros pour faire venir les artistes du monde entier, nourrir les animaux (400 kg de viande, 500 kg de graines) et payer les 280 personnes qui y travaillent.
En dehors des 85.000 euros versés par la ville de Massy et des 4.000 euros du ministère de la Culture, Francesco Bouglione table sur la vente des billets d’entrée pour équilibrer son budget : avec 18.000 spectateurs attendus et un spectacle qui affiche déjà complet, le jeune héritier n’est pas trop inquiet.
Photo : Les fauves sont toujours féroces et les éléphants impressionnants, mais pour ses 20 ans, le Festival international du cirque de Massy (Essonne) s’offre un lifting avec des numéros moins traditionnels et un son rock qui dynamite le genre.
Source : le parisien - photo Bertrand Guay